Par Martin Postic, Rotary club d’Oklahoma City Midtown (États-Unis)
En tant que Rotariens, nous devons appliquer le Critère des quatre questions à tout ce que nous pensons, disons ou faisons. Pourtant, de nombreux Rotariens se focalisent sur la première question du test : « Est-ce VRAI ? », et s’arrêtent là. Il est facile de comprendre pourquoi. La vérité est un absolu. Mais l’équité, telle qu’elle est incarnée dans la deuxième question : « Est-ce juste ? » ne l’est pas.
Dans la société actuelle, l’objectif semble être de gagner à tout prix. Les individus cherchent parfois à déformer la vérité pour obtenir un résultat « équitable » pour eux, mais pas nécessairement équitable pour toutes les parties concernées. Certaines personnes estiment que si elles gagnent, c’est juste, mais que si elles perdent, ça ne l’est pas. Ils sont prêts à manipuler la vérité pour obtenir le résultat qu’ils estiment « juste ». Ce qui nous amène à la question suivante : « Qu’est-ce qui est le plus important, la vérité ou l’équité ? »
Je dirais que ces deux questions sont importantes et interdépendantes. Tout comme la troisième : « Est-ce source de bonne volonté et d’amitié ? ». C’est une erreur de considérer une partie des questions séparément des autres. Elles sont toutes liées entre elles. Et elles constituent toutes un baromètre interne de nos propres intentions à l’égard des autres, et non un outil pour juger les autres.
L’équité est une compétence
Un célèbre commentateur de télévision a dit un jour : « L’équité n’est pas une attitude. C’est une compétence professionnelle qui doit être développée et pratiquée. » Je crois que c’est ce que le Critère des quatre questions a à l’esprit. L’équité doit être considérée du point de vue de nos intentions lorsque nous donnons quelque chose à une personne, et des conditions créées pour que l’autre partie puisse accepter ce que nous lui donnons.
Si nous nous disputons 100 dollars, il pourrait être « équitable » que nous acceptions chacun 50 dollars. Ou l’un de nous pourrait justifier avoir un besoin plus important de cette somme que l’autre, en raison de sa situation matérielle. Cette décision pourrait encore être considérée comme « équitable ». Nous pourrions même convenir que l’un ou l’autre d’entre nous devrait prendre la totalité de l’argent. Une tierce partie examinant cette situation pourrait trouver qu’aucun de ces accords n’est « équitable ». Mais pourquoi la tierce partie doit-elle se prononcer alors qu’elle ne participe pas à l’accord conclu, qu’elle n’est pas affectée ou concernée par celui-ci ?
Ce qui est équitable dans un cas peut ne pas l’être dans un autre. Ce qui est juste pour une partie peut être considéré comme injuste pour une autre. Il faut regarder dans son cœur pour réfléchir à ce qui est juste, car il n’existe pas d’absolu en matière d’équité. Néanmoins, il existe des solutions équitables à la plupart des situations qui peuvent « créer de la bonne volonté et des amitiés plus solides ».
Le thème annuel de l’ancien président 1992/1993 du Rotary International, Cliff Dochterman, était « Le bonheur d’aider autrui ». Il y a quelque chose de réconfortant à aider quelqu’un ! La bonne volonté est définie comme « un sentiment aimable d’approbation et de soutien ; un souci ou un intérêt bienveillant ».
Dans la plupart des amitiés (mais pas toutes), une personne attend quelque chose en retour — acceptation, affirmation, affaires, amour ou tout autre avantage tangible. Si cet avantage ne lui est pas rendu, l’amitié prend souvent fin. De la même manière, si « l’amitié » d’entreprise (c’est-à-dire le développement de la bonne volonté) ne se traduit pas par un avantage matériel en faveur de cette entreprise, celle-ci cesse de s’impliquer dans la société ou fait faillite.
Bâtir la bonne volonté exige des sacrifices
La dernière question du test consiste également à établir une réciprocité. Si j’exige que, dans notre relation d’amitié, j’aie toujours raison, que je ne vous offre jamais rien, ou que je vous insulte ou vous assailles de mots blessants, combien de temps durera notre amitié ? Si j’agis d’une manière si froide et impitoyable sur le plan professionnel que cela vous nuit à vous ou à la collectivité, voudriez-vous travailler avec moi ou que nous soyons amis ? Il est clair que pour bâtir la bonne volonté et de meilleures amitiés, il faut renoncer à quelque chose.
Nous avons tous assisté à des réunions où une personne, sur le ton de la plaisanterie, en a insulté une autre. C’était certes pour « faire de l’humour », mais l’était-ce vraiment ? Nous sommes tous libres de penser, de dire ou de faire ce que nous voulons. Cependant, je peux choisir librement de mettre fin à une amitié en fonction de ce que je vois cet ami dire et faire.
Tout comme le concept d’équité, bâtir la bonne volonté et de meilleures amitiés n’est pas un absolu. J’essaie (mais je n’y parviens pas toujours) de me demander si mes pensées, mes paroles et mes actes permettront d’établir une meilleure relation avec les personnes avec lesquelles j’interagis. De la même manière, je me demande si les pensées, les paroles et les actes d’autrui me donnent envie de poursuivre une amitié avec eux.
Je suis ami avec de nombreuses personnes dont je sais qu’elles ne partagent pas mes philosophies, mes convictions et mes opinions. J’apprécie suffisamment leur amitié pour ne pas les leur imposer. Si mes pensées ou mes paroles ne favorisent pas cette amitié, alors je les garde pour moi. Cependant, si mon ami ne fait pas la même chose, notre « amitié » peut atteindre un point de rupture où il n’y a plus d’échange bénéfique pour aucun de nous. C’est là l’essentiel de la question que vous devez vous poser : vos pensées, vos paroles et vos actes créent-ils de la bonne volonté et de meilleures amitiés ?