Près d’un milliard de personnes dans le monde sont desservies par des établissements de santé qui ne disposent pas d’une alimentation électrique stable. Le manque de fiabilité de l’énergie perturbe les soins de routine et d’urgence, qu’il s’agisse d’effectuer des diagnostics ou de s’assurer que les vaccins restent froids. À mesure que les vagues de chaleur, les inondations et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents, on s’attend à ce que les perturbations énergétiques augmentent en raison d’événements tels que les pannes d’électricité et le stress thermique sur l’infrastructure existante. Pour relever ces défis s’inscrivant dans la dernière ligne droite de l’éradication de la polio et réduire son empreinte carbone, l’IMEP et ses partenaires se sont tournés vers l’énergie solaire, une solution plus abordable, plus fiable et plus résistante au climat pour alimenter les activités de vaccination et de surveillance de la polio.
Réfrigérateurs à vaccins solaires
Pendant des décennies, les réfrigérateurs alimentés par des combustibles fossiles comme le kérosène ou l’essence ont été essentiels pour maintenir les vaccins à la bonne température. Cependant, ces réfrigérateurs émettaient des gaz à effet de serre, leur fonctionnement était relativement coûteux et ils étaient vulnérables aux perturbations de l’approvisionnement énergétique national. Aujourd’hui, l’IMEP et ses partenaires s’appuient de manière importante sur l’énergie solaire, en particulier pour les réfrigérateurs de vaccins. Ces réfrigérateurs à énergie solaire peuvent fonctionner pendant des jours sans électricité si nécessaire, ce qui les rend non seulement plus fiables, mais permet également d’étendre la portée du programme dans certaines des zones les plus difficiles et les plus critiques pour mettre fin à la polio.
En République démocratique du Congo, un pays de la taille de l’Europe occidentale au relief difficile et aux problèmes de sécurité persistants, des millions d’enfants n’ont pas pu bénéficier de vaccins contre la polio et d’autres vaccins vitaux, en partie parce que ceux-ci ne pouvaient pas être conservés au froid pendant le trajet. En 2016, seuls 16 % des dispensaires du pays disposaient d’un réfrigérateur en état de marche. Entre 2018 et 2021, GAVI et ses partenaires ont donc contribué à combler cette lacune en livrant plus de 5 500 nouveaux réfrigérateurs à énergie solaire dans tout le pays.
Sur les îles isolées du lac Tchad, l’introduction de réfrigérateurs à énergie solaire signifie que les familles et les agents de santé peuvent simplement se rendre au centre communautaire de l’île, plutôt que de parcourir de longues distances en bateau pour recevoir ou administrer des vaccins contre la polio. En Somalie, pays qui connaît de fréquentes interruptions de l’approvisionnement en électricité, tous les réfrigérateurs de vaccins, depuis les points de stockage régionaux jusqu’à l’administration au niveau communautaire, sont désormais alimentés par l’énergie solaire.
Surveillance à l’énergie solaire
Pendant la phase de surveillance, les échantillons de selles et environnementaux suivent la chaîne du froid du vaccin en sens inverse — du terrain ou de la clinique aux laboratoires régionaux et mondiaux pour y être analysés. En janvier 2021, une insurrection dans l’État de Borno, au Nigeria, a montré au monde entier à quel point une énergie fiable et résistante au climat est vitale pour la surveillance. L’insurrection a en effet entraîné plus de dix mois de coupures de courant, y compris à l’hôpital universitaire de Maiduguri qui abrite l’un des deux seuls laboratoires nationaux de la polio au Nigeria. Cela signifie que les échantillons provenant des dix États les plus vulnérables à la transmission de la polio dans le nord du Nigeria n’ont pas pu être testés.
Pour aider le laboratoire à se remettre sur pied le plus rapidement possible et prévenir de futurs problèmes d’alimentation, l’Organisation mondiale de la Santé a donc fourni 48 panneaux solaires. Ainsi, pendant la majeure partie de l’année 2021, plus de 10 000 échantillons de selles d’enfants atteints de paralysie flasque aiguë (PFA) et plus de 500 échantillons environnementaux ont été analysés par le laboratoire, une étape essentielle pour trouver et stopper le virus.
Face à la crise climatique et à ses nombreuses répercussions, notamment les phénomènes météorologiques extrêmes et les conflits encore plus persistants, les programmes de santé tels que l’IMEP doivent continuer à intégrer les énergies renouvelables à tous les niveaux. Des réfrigérateurs à l’alimentation de laboratoires entiers, la technologie solaire est devenue incontournable pour aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’IMEP et garantir un avenir sans polio.
Article traduit du site de l’IMEP.