Le Rotary est depuis longtemps très actif en Afrique. À l’occasion de la Journée de l’Afrique, ce 25 mai, revenons sur certaines de ses initiatives sur ce riche continent.
Construire la paix
Situés aux quatre coins du monde, les Centres du Rotary pour la paix proposent des programmes sur mesure pour former à la construction de la paix et à la résolution des conflits. Et le Centre de l’université Makerere à Kampala, en Ouganda, — le premier en Afrique — a accueilli sa toute première promotion de boursiers de la paix en 2021. Makerere se trouve dans la région des Grands Lacs, une région qui a une longue histoire marquée par les conflits. Les boursiers du Centre, dont une grande partie est originaire d’Afrique ou y réside, ont ainsi la possibilité d’étudier dans un contexte post-conflit ou d’affrontements actuels. Mais plutôt que de se concentrer sur les causes d’une guerre, le programme enseigne aux étudiants à élargir leur notion de « paix » au-delà d’une simple absence de violence et à prendre en compte la sécurité et l’épanouissement personnel.
Intervention à grande échelle
La Fondation Rotary a mis en place les programmes d’économie d’échelle pour soutenir des initiatives pilotées par des membres du Rotary, fondées sur des résultats éprouvées. Ces programmes bénéficieront à un plus grand nombre de personnes et favoriseront l’élaboration de politiques et de programmes pérennes. Les membres du Rotary obtiennent ainsi des ressources à long terme pour mettre en œuvre des programmes d’envergure et à fort impact dans nos axes stratégiques.
La première subvention des programmes d’économie d’échelle a été remise en 2020/2021 à Partenaires pour une Zambie sans paludisme, un programme d’élimination du paludisme qui vise à en réduire le nombre de cas — notamment les cas graves et de mortalité, en particulier chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans — dans dix districts cibles de deux provinces de Zambie. Touchant 1,3 million de personnes, cette subvention d’un montant total de 6 millions de dollars fera progresser la stratégie nationale défendue par le Centre national zambien pour l’élimination du paludisme.
L’an dernier, c’est le programme Ensemble pour des familles en bonne santé au Nigeria qui fut le récipiendaire de la deuxième subvention. Il vise à améliorer la santé des mères et des nouveau-nés, et s’efforce de réduire le taux de mortalité maternelle et néonatale en améliorant les comportements en matière de santé et la qualité des soins pour les femmes enceintes, les mères et les nouveau-nés au Nigeria.
Éradication de la polio et au-delà
La région Afrique de l’Organisation mondiale de la Santé a été certifiée exempte de poliovirus sauvage en 2020. Cet accomplissement a déjà été bénéfique pour la santé des enfants et la santé publique sur tout le continent. L’infrastructure et les innovations qui ont permis à la région d’éradiquer le poliovirus sauvage ont ainsi joué un rôle important dans la réponse contre la pandémie de COVID-19 et pourront être utilisées à l’avenir pour des situations d’urgence de santé publique. Les travailleurs de santé en charge des efforts contre la polio administrent également d’autres vaccins de routine, prodiguent des soins et distribuent des médicaments. Le Programme PolioPlus du Rotary est un acteur majeur de ces efforts.
Le Rotary en croissance
Marie-Irène Richmond Ahoua partage ses réflexions sur la situation des effectifs en Afrique alors qu’elle arrive à la fin de son mandat de coordinatrice du Rotary pour la zone 22 francophone.
Si les effectifs du Rotary progressent en Afrique, un énorme potentiel reste à exploiter. « Nous ne sommes pas nombreux pour un continent de près de 1,4 milliard d’habitants, explique Marie-Irène Richmond-Ahoua. Nous ne comptons que 45 000 Rotariens dans 54 pays. » La résistance à intégrer le Rotary s’explique en partie par les préjugés dont l’organisation est victime, en particulier en étant assimilé à une secte. D’autres facteurs entrent en jeu. « Les prospects ne sont pas bien suivis et cela requiert une action corrective au niveau des districts, explique-t-elle Nous perdons trop de prospects. »
L’Afrique compte également une population jeune. Or les jeunes ont souvent d’autres priorités car ils sont en début de carrière ou fondent une famille. La jeunesse du continent représente néanmoins un motif d’espoir. « Il est heureux que le Rotaract ne soit plus considéré comme un programme, se félicite Marie-Irène. L’initiative d’élévation du Rotaract a fait beaucoup de bien. »
Parmi les autres freins, elle cite le manque de visibilité des actions du Rotary et l’instabilité politique qui règne dans certains pays tels que le Burkina Faso ou le Mali. Ce dernier obstacle souligne l’importance du Rotary qui fait de la paix une de ces priorités. À ce titre, Marie-Irène estime que « l’Afrique est un terreau fertile pour les sept axes stratégiques du Rotary ». L’environnement est un autre bon exemple. « Nous avons des plages magnifiques qui doivent être protégées, affirme-t-elle. Et, au Sénégal comme au Mali, le désert avance, d’où l’importance de planter des arbres. »
À l’approche de la fin de son mandat de Coordinatrice du Rotary, Marie-Irène explique avoir mis à profit la flexibilité dont bénéficie aujourd’hui les clubs qui peuvent prendre différentes formes : axés sur une cause, passeport, satellite ou corporate. Elle a également œuvré auprès des associations de femmes leaders. « L’avenir repose également sur les femmes car elles sont trop nombreuses à ne pas savoir qu’elles peuvent rejoindre le Rotary », confie-t-elle.
Un constat malheureux reste que le Rotary se développe plus rapidement en Afrique anglophone que dans les régions francophones. « L’anglo-saxon est plus pragmatique et plus orienté vers les résultats alors que les francophones sont plus procéduriers, veulent protéger leur identité, leur spécificité, dit-elle. En outre, les administrateurs du Rotary africains ont toujours été des anglophones — cela peut être considéré comme un avantage. »
Enfin, la coordinatrice se réjouit de la place que le Rotary accorde désormais à la diversité, à l’équité et à l’inclusion (DEI). « La DEI va changer beaucoup de choses, affirme-t-elle. Ce n’est pas une option, c’est une nécessité. Elle renvoie au Critère des quatre questions. Elle contribue à la paix au travers de nos activités humanitaires, éducatives ou culturelles. » Les populations des pays africains représentent en effet des religions et des cultures différentes. « Cette ouverture va enrichir l’organisation et nous permettre d’être authentique, d’être nous-mêmes », conclut-elle.