Rencontre avec Alain Van de Poel, administrateur 2024/2026 du Rotary

Issu de la zone 13B (Belgique et Luxembourg), Alain Van de Poel deviendra membre du conseil d’administration du Rotary International à compter du 1er juillet 2024, et cela jusqu’au 30 juin 2026. Membre du Rotary club de Wezembeek-Kraainem, gouverneur du district 2170 en 2006/2007 et président de l’ASBL Rotary BeLux Services de 2011 à 2016, il a accepté de nous livrer quelques réflexions à l’approche de son entrée en fonction.

À quoi vous attendez-vous pendant votre mandat ? Qu’il s’agisse de votre travail au sein du conseil d’administration, mais aussi de votre présence dans la zone.

Un mandat d’un an pour le président, un mandat de deux ans pour les administrateurs et quatre réunions par an ne nous permettent pas de bien nous connaître. Mais le conseil d’administration est là pour donner une vision stratégique et holistique. Il ne faut pas se faire dépasser par les affaires courantes. D’autre part, nous sommes administrateurs du Rotary International et responsables des équipes régionales. Ce phénomène nouveau avec deux casquettes est presque contradictoire puisque l’une fait appel à la vision et l’autre à l’opérationnel. Une autre difficulté est de retranscrire cette vision du Rotary dans sa zone. Je crois dans les objectifs à trois ans car ils apportent une dynamique mais je souhaite qu’il y ait un renforcement des équipes régionales avec l’espoir que cela atterrisse dans nos clubs. J’ai quand même l’impression que le Rotary International a pris conscience que sans les clubs on n’est rien.

Qu’espérez-vous apporter durant votre mandat ?

Chacun a ses compétences qu’il faut respecter. Motiver et inspirer les gens pour qu’ils puissent agir dans le respect de nos valeurs et du Critère des quatre questions est ce que j’aime au Rotary. Cela est fondamental. Je compte apporter un retour à l’essence même de ce que nous sommes. Des individus qui représentent des valeurs et qui agissent grâce à ces valeurs qui justifient notre existence. On ne touchera ni à nos valeurs, ni au Critère des quatre questions qui doivent rester universels. De là peuvent découler des modifications ou des adaptations. Je pense que les jeunes ne sont pas sourds à ce type de discours. Par contre, ils ne nous entendent pas car l’offre d’action est devenue tellement grande sur le marché. N’importe qui crée une association pour faire n’importe quoi. Le Covid a accentué le problème parce que les besoins sociétaux ont été encore plus importants – alimentation, santé mentale, réfugiés, guerre. Tout le monde s’est senti impliqué dans l’activité sociale. Il faut donc remettre en évidence ce que nous sommes au travers de nos valeurs pour être attractif.

À quoi ressemblerait pour vous un mandat réussi ?

Ce n’est pas à moi de le dire. Mais c’est la réussite d’une équipe et surtout de la continuité. Si on parvient à établir une continuité dans ce qui a été envisagé stratégiquement ou dans le concret du terrain, là on a réussi. Lorsqu’on a des personnalités qui pensent plus à elles qu’à la finalité de l’organisation, tout le monde s’en félicite le temps de leurs réalisations, mais cela ne fait pas avancer l’organisation, ce qui est notre but aujourd’hui.

Si vous ne pouviez accomplir qu’une chose durant votre mandat, ce serait quoi ?

J’attache beaucoup d’importance à ce Sommet Europe/Afrique [au lieu d’un Institute] qui aura lieu en 2025 à Bruxelles. Je pense honnêtement qu’il s’agira d’un test pour l’avenir qui peut nous faire réfléchir à notre future structure. Cela nous permettra de savoir si nous répondons mieux aux futurs besoins du Rotary et de la société civile auprès de laquelle nous devons mieux nous faire connaître. Il s’agit d’oser se remettre en question et de sortir du cadre de réflexion habituel. Je crois qu’il s’agira d’une première mondiale qui réunira 134 districts de toutes les zones d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique.

Comme toute entreprise, il faudra attendre les résultats et prendre du recul pour voir ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. Ce sera un exemple d’adaptabilité régionale. On ne sait pas quelles vont être les réactions. Mais on ne peut pas abandonner après le premier coup car ce serait une erreur, sauf si c’est un flop complet.

Que pensez-vous de la régionalisation ?

Je ne crois pas à la régionalisation. À l’origine, nous avions une commission Façonner l’avenir du Rotary qui était une idée chatoyante tout comme l’élévation du Rotaract. Mais force est de constater toutes les difficultés que nous rencontrons pour concrétiser ces idées. La raison en est simple. Nous travaillons avec des bénévoles. Sans leur assentiment et sans l’appropriation d’un projet par les bénévoles, il ne se concrétise que très difficilement. Qu’est-ce que la régionalisation au juste ? Révolutionner un mode de fonctionnement et l’adapter uniquement à soi et se retrouver avec dix modèles différents ? Je crois que c’est très compliqué. Par contre, je crois à l’adaptabilité régionale pour autant qu’elle soit cadrée, que l’on sache dans quels domaines on peut le faire. Est-ce que cela concerne notre méthode de fonctionnement, des durées de mandat ? Si l’on prend les objectifs à trois ans, nous pouvons les adapter en fonction des besoins des régions. Inévitablement, la réalité est différente à Paris, à Bordeaux ou à Lyon. Il est donc impossible d’imaginer un modèle unique de fonctionnement. On ne peut pas gérer un club dans un village comme dans une ville où il y a en quinze. Enfin, il est essentiel que les changements apportent une plus-value réelle.

Quel est votre rêve le plus fou pour l’avenir du Rotary ? Dans le monde et en Europe.

Mon rêve le plus fou est de devenir les champions de la paix dans un contexte apolitique et agnostique. On doit devenir la référence. Lorsque l’on parle de paix le Rotary doit être le seul interlocuteur. J’ai rêvé de créer une chaîne humaine de trois millions de personnes tout à travers l’Europe. On devrait être capable de faire cela et d’envoyer un signal fort. J’aime d’ailleurs cette idée de poteau de la paix. C’est symbolique mais fort. Le concept de paix positive peut d’ailleurs nous permettre d’élever le débat.

Que diriez-vous à un membre venant de rejoindre un club pour qu’il reste au Rotary ?

Forme-toi, informe-toi, pose beaucoup de questions et agis. Mais surtout forme-toi, informe-toi et intègre-toi. Trop de nouveaux membres nous quittent parce qu’ils agissent sans comprendre pourquoi. Cela prend du temps de comprendre qu’être membre du Rotary va au-delà des actions. Il s’agit de respecter et d’appréhender nos valeurs avant d’agir. Cette prise de conscience créera de la motivation et l’implication en découlera naturellement.

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